La semaine dernière se tenait à Lille Innov’embre 2011. La conférence d’ouverture a rappelé aux entreprises l’importance d’adopter une vision plus élargie de l’innovation. C’est dans ce sens que le ministère de l’économie avait commandé un rapport à l’ESCP Europe. Ce rapport intitulé « pour une autre vision de l’innovation » daté d’avril 2009 a été établi à la demande de Christine Lagarde qui souhaitait que soit proposée « une définition élargie de l’innovation qui, au-delà des aspects liés à la recherche et au développement, en intègre toutes les facettes ». Le rapport est consultable sur http://www.escpeurope.eu/innovation.
Les conclusions de ce rapport ont été rappelées au cours de cette conférence par Céline Abecassis-Moedas, Directrice adjointe de l’Institut pour l’Innovation et la Compétitivité: ce ne sont pas forcément les entreprises qui investissent le plus en R&D qui sont les plus innovantes. Les entreprises françaises ont tendance à avoir une vision restreinte de l’innovation qui se limite à l’innovation technologique. Or selon l’OCDE, 51% des innovations n’intègrent pas de dimension technologique. En effet l’innovation peut intégrer également les notions d’usage, de design, de marketing, de processus et d’organisation. Ainsi le dépôt de brevet n’est pas le seul moyen de parvenir à l’innovation. Il ne permet d’ailleurs pas à lui seul d’innover. On constate que 36 % des brevets déposés dans l’UE n’aboutissent pas au développement et à la commercialisation d’une innovation.
« En France, les discours publics évoquant l’innovation sont souvent centrés sur la recherche et l’innovation technologique. Outre le fait que ces deux sujets sont distincts, ils sont aujourd’hui décalés par rapport aux pratiques des entreprises et à la réalité des processus d’émergence et de réalisation de l’innovation.
Si l’innovation constitue un facteur essentiel de compétitivité économique, elle ne saurait être réduite à la recherche et aux brevets. La France s’est traditionnellement davantage intéressée à l’invention qu’à l’innovation, tandis que d’autres pays développaient de réelles compétences pour développer et commercialiser les innovations».
Le rapport propose de faire évoluer les indicateurs et de se concentrer également sur les pratiques managériales, le capital humain, l’organisation et la performance.
Les intervenants ont fortement rappelé l’importance de faire remonter les idées d’innovation de la part des clients, des fournisseurs et des employés de différentes fonction (recherche, marketing, production, bureaux d’études, contrôle de gestion, etc.). De ce point de vue les logiques de veille et d’intelligence économique constituent un support important.